Vous avez été nombreux à nous témoigner vos expériences diverses vécues durant la crise sanitaire. Elles ont été variées et enrichissantes. Nous vous remercions de votre implication toujours précieuse afin de défendre notre profession. Toutes vos revendications seront étudiées et nous veillerons à revenir vers vous très rapidement.
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Après avoir effectué un tri énorme, on avait conservé 30% de notre patientèle au cabinet, les moins à risque de développer une forme grave. Puis, suite au mail de l'ordre nous avons fermé le cabinet. Nous, kinés libéraux , étions mis sur le banc de touche, dans l'incertitude, et pointés du doigt dans les EHPAD. Confiné dans un appartement sans balcon.
Impuissant, je voulais me rendre utile. Via l'appli renfort Covid, j'ai été contacté rapidement et me suis engagé en SSR.
J'ai même été par la suite contacté par Henri Mondor lors de la création du pôle Covid mais j'étais déjà engagé. J'ai permis à des personnes en difficulté de gagner en autonomie et de retrouver leur domicile dans de bonnes conditions.
Pendant ce temps des confrères en réanimation ou réhabilitation étaient en première ligne, et bon nombre de kiné ont proposé leur aide aux établissement de santé. J'ai réalisé que soigner une tendinite c'est utile, permettre à un patient de remarcher et de rentrer chez lui dans de bonnes conditions c'est indispensable. Délaisser les patients les plus handicapés au profit des sportifs, de la kiné de confort voir de bien être c'est nous rendre non indispensables. Dans une période de crise sanitaire seule notre activité indispensable nous permet d'exister. Merci à tous les confrères qui sont venus en aide d'une manière ou d'une autre au système de santé, merci pour notre profession.
L'impact financier de la crise reste très important pour beaucoup de libéraux, espérons que des aides autre que le fond de solidarité ou Ameli Pro viendront compenser la perte d'activité.
M. T.
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1) Confinement des gens non malades identique au gens malades...? Allo...
2) Covid19...tellement méchant qu'on bloque la France pour qq chose à peine supérieur à une grippe 16000 morts grippe 2017 2018 ..! Allo ...
3) 5ème puissance économique
Pas de masque pas de test
Incapacité de circoncire les foyers du début !..allo
4) pas une seule fois on a entendu nous prescripteurs tous adeptes de la poker face !..
Allo !
5) naissance d'une nouvelle maladie répandant la peur. On note aussi une perte du libre arbitre, de la capacité à réfléchir.
Perte de la résilience.
Il s'agit de la BFMites et de ses sœurs cnewsites ,lciites.
6) mise en place d'ausweis ..sans contestation de personne due à la BFMites..
Voila ..pour moi nous n'avons pas mieux fait que Nabilla dans son émission !
Au secours !
P. P.
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Nous sommes deux associés au sein de notre cabinet du centre de Lyon et nous partageons notre activité entre le cabinet et un EHPAD. Comme tous, nous avons fermé le cabinet le 17 mars.
Mais, contrairement à beaucoup d’établissements, nous avons pu continuer certaines prises en charge dans l’EHPAD en accord avec le médecin-coordinateur. Le but était de privilégier la prévention des chutes afin d’éviter les fractures et les hospitalisations que nous redoutions.
Nous avons donc recentré notre action, avec toutes les précautions nécessaires, sur les résidents fragiles, autonomes mais à l’équilibre précaire, afin de conserver leur autonomie en sécurité. Avec succès !
P. S.
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Bonjour,
Les directeurs d'EHPAD sont sans respect de la règlementation. Aucuns textes légaux ne permettaient d'interdire l'accès aux EHPAD.
Depuis la reprise :
- certains EHPAD n'autorisent qu'un kiné alors que des associations comme #à leurs côtés interviennent pour visiter les résidents!!
C'est très bien pour les personnes âgées mais pourquoi interdire un autre kiné !!
- Certains EHPAD décident des patients à prendre en charge même si nous avons des ordo en cours pour d'autres ! Ils limitent donc notre activité - Certains EHPAD demandent de refaire les ordo au 11 mai !!
Les textes qui régissent notre profession ne sont donc pas respectés. Le manque de considération est honteux et en plus afin de conserver ces EHPAD nous ne pouvons rien dire.
Cordialement
P. D.
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Nous allons rouvrir nos cabinets et reprendre notre mission de soignants, gravement perturbée par les événements que nous venons de traverser. Notre activité va redémarrer, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, comme dans un rêve familier, et que nous aimons. Mais plus rien ne sera sans doute plus jamais pareil, avec une charge de contraintes supplémentaires que nous avons déjà plus ou moins intégrées. Nous sommes coutumiers des fardeaux administratifs, technocratiques, bureaucratiques, financiers…
Cette fois, c'est plutôt le fond que la forme qui change. On s’y fera, on s'adaptera, on évoluera.
Car c’est bien notre nature humaine de néotène que de s’adapter. Refuser les comportements stéréotypés, toujours réinventer les règles, toujours en apprentissage, souvent par jeu ou par nécessité, parfois par coercition.
Pendant ces quelques semaines étranges, nous avons vécu dans une autre dimension où nos repères familiaux, sociaux, professionnels se sont dissous dans une dimension temporelle floue. Nous allons maintenant reprendre pied dans un quotidien incertain, et apprendre les gestes à faire, les mots à dire pour protéger, rassurer, apaiser, soulager… guérir. Un de mes maîtres avait l’habitude de dire que la guérison n’est pas un retour à l’état antérieur mais l’adaptation à une nouvelle donne, dans la quête d’un équilibre satisfaisant.
Nous allons donc guérir du covid-19 (je n’ai pas envie de lui accorder la majuscule), la plupart d’entre nous. Bien des observateurs inspirés ont déjà souligné qu’une crise, avec son lot de peurs, apporte aussi intrinsèquement des opportunités, propices à la créativité. Passée la gestion des peurs, pour se protéger (mode de survie), il faut se mettre en situation de réussite : transformer les obstacles en opportunités, acquérir de nouvelles compétences. Cette phase-là a déjà commencé.
Sans aucune flagornerie, il me semble essentiel de souligner le rôle déterminant qu’ont joué nos responsables syndicaux dans l’accompagnement de cette évolution. Leur mobilisation, leur réactivité, leur opiniâtreté ont été de la première heure, et pour ça je souhaite leur rendre hommage.
Grâce à leur dynamisme jamais démenti sont apparus de nouveaux outils : réseaux d’information, réseaux de distribution, soutien économique, etc.
Parmi ces nouveaux outils, il en est un qui a retenu toute mon attention, que j’appelais de mes vœux, et qu’ils nous ont obtenu à la force du poignet : le télésoin. Et pourtant, dès son approbation, la polémique s’est déchaînée ! Quoi qu’il en reste, chacun peut en faire ce qu’il veut, ce qu’il peut. Un outil de communication supplémentaire est le bienvenu, c’est un prolongement de notre efficacité clinique (obligation de moyens). Il nous reste à le pérenniser.
Malheureusement, dans cette avancée, il y a une grande oubliée : la rééducation périnéale. Bon, je vois d’ici les regards en coin, les sourires goguenards, voire concupiscents. Et pourtant ! La rééducation périnéale est bien plus que brancher une sonde, geste technique à la portée d’une main techniquement éduquée. L’éducation thérapeutique, comportementale, posturale, hygiénique, la surveillance, l’adaptation des programmes d’exercices, la gestion des pressions abdominales, les exercices respiratoires (les diaphragmes thoracique et pelvien ne se répondent-ils pas ?), le renforcement musculaire des chaînes profondes, et j’en passe, bref la RÉ-éducation périnéale, abdomino-pelvienne, dans ses multiples facettes, a toute sa place dans le télésoin. Les sages-femmes sont autorisées à la pratiquer, sans enfiler un doigtier, que je sache, avant de tapoter sur leur clavier. Je l’ai aussi pratiquée ainsi. Hélas, je l’ai fait gratuitement, n’étant autorisée à la facturer.
Mon dernier mot sera donc un plaidoyer pour que nous continuions sur cette belle avancée et que la rééducation périnéale soit incluse dans le télésoin où elle a, en tout bien tout honneur, toute sa légitimité.
Salutations confraternelles et bonne rentrée à tous !
M-H. N.
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Je suis sidérée , un simple message sur mon répondeur de la secrétaire où j’interviens depuis 23 ans, me signale qu’à partir du mercredi 11/03 les 5 kinés sont évincés de l’EHPAD car « pas du tout indispensables » au bon fonctionnement de l’établissement.
Les animatrices seront conservées…
Et donc aucun revenu en plus du dégoût que cela m’inspire...
Et maintenant j’apprends qu’il y a une prime pour ceux qui sont intervenus en EHPAD
V. G.
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Bonjour,
Voici quelques actions menées dans le canton de Villeneuve lez Avignon où tous les kinés se sont mobilisés à l'appel à l'aide des personnels soignants libéraux.
T. S.
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Mon témoignage, écrit mardi en sortant de l’hôpital. Témoignage d’une maman, Kiné à l’hôpital...
Je ne sais pas si ça correspond à ce que vous recherchez mais voilà mon vécu...
Aujourd’hui, j’ai craqué. J’ai craqué au boulot, j’ai pleuré, pleuré tout ce que je n’arrivais plus à retenir. Heureusement, le masque cache un peu la tristesse, les patients ne remarquent pas les yeux qui brillent trop.
Je suis soignante mais je suis surtout maman. Ce matin en me préparant avant d’aller à l’hôpital, j’ai lu mes mails. Un mail de l’école qui me dit qu’après sondage, 10CP sont attendus pour la reprise. C’est parfait ça, 10 ! Mais non. Ils vont faire 2 groupes de 5, ma fille aînée pourra donc aller à l’école mais que 2 jours par semaine. Je pense déjà à sa tristesse quand je lui dirais qu’elle ne verra que 4 camarades et que 2 jours. Puis un mail avec le protocole, avec des consignes sans aucune humanité. À côté, à l’hosto, on passe pour des guignols !
Pour ma plus jeune, pas de nouvelles. Pour l’instant rien.
Je bois mon café, je me prépare. Mon esprit se met à carburer. Quelles sont mes solutions ? Mettre mes 2 filles chez mes parents, c’est le plus simple mais en espérant que je ne fasse pas prendre de risques à mes parents.
Si je demande à l’école ou à la mairie on va me dire que les écoles ouvertes aux enfants de soignants sont toujours ouvertes. Donc quoi ? 2 jours dans son école, 3 jours dans une école inconnue. Pour sa petite sœur ? 5 jours dans une autre école, aussi inconnue et sans le repère de sa grande sœur ? Mes filles, elles sont comme moi. Des petites boules de bonheur, pleine d’empathie et d’hypersensibilité.
Je ne peux pas les balancer à 15 endroits différents tous les jours en espérant qu’elles le vivent bien. Le confinement ça a été un choc.
Un premier gros choc où la première phrase que j’ai entendu au travail c’est « vous vous débrouillez pour vos enfants mais vous devez venir bosser ». Une grosse claque dans ta gueule de maman, sous prétexte que tu es soignante.
Elles se sont adaptées, cahin-caha, heureusement le papa s’est retrouvée confiné. Mais les besoins sont là, maman pourquoi tu ne peux pas rester avec nous ?
Maman travaille mes amours mais je serai là tout à l’heure…
et puis l’inverse, maman pourquoi tu es à la maison ?
Maman est malade ma puce, non pas de bisous, je ne dois pas trop t’approcher. Foutue maladie que personne ne connaît et qui te fout sur les rotules. Un mois passe, le besoin de retourner aider les collègues est plus fort que le repos.
Les enfants doivent encore s’adapter, sans vraiment comprendre. Les copains leur manquent, elles pleurent, elles veulent les voir. Pourquoi tu ne restes plus à la maison maman ?
Au travail c’est la course, le corps suit comme il peut, pas le choix, les patients n’ont rien demandé non plus.
Et puis c’est à papa de reprendre le boulot mais il reste plus avec nous papa ? Non mes chéries, papa retourne travailler.
Mais nous on y va quant à l’école ? On veut y aller ! Je sais, je sais, j’espère aussi…
Et comment leur annoncer que finalement elles n’iront pas, parce que les protocoles sont pires que la maladie. Parce que maman s’arrache les cheveux à trouver comment s’organiser. Que je ne veux pas qu’elle soit dans une école où le contact est réprimandé. A l’hôpital, quand nos anciens sont seuls et n’ont pas le moral vous voulez que je vous dise un secret ? On leur parle, oui là tout près de leur vieille oreille qui sinon n’entend rien. On leur caresse le bras, le dos pour les réconforter parce que le côté humain est ce qui les empêche de se laisser mourir.
Alors quand je lis que si les enfants s’approchent trop, ils devront rester sur leur chaise pour ne pas risquer de jouer ensemble… que si un enfant pleure, on gardera ses distances et on le réconfortera avec des mots mais sans le toucher grand dieu non… c’est à vomir et à pleurer.
Aujourd’hui j’ai beaucoup pleuré. Je ne sais pas comment nous nous organiserons les prochaines semaines. Je ne parle même pas des prochains mois. Vous vous rappelez cette BD sur la charge mentale ? Et bien la charge mentale des soignants elle a explosé. C’est exponentiel. On n’est pas des héros, on n’a juste pas eu le choix. Mais imposer aux soignants de faire passer leurs enfants au second plan c’est monstrueux. On doit gérer la peur de les contaminer. On doit gérer leur sensibilité. Mais on nous ordonne de les balancer à droite à gauche pour être fidèle au poste.
Aujourd’hui, j’étais d’abord maman.
Aujourd’hui, j’ai pleuré.
P. B-H.
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Je n'ai pas droit à l'aide sociale de 1500 € car j'ai déclaré plus de 60000 € l'année dernière, totalement engloutis dans les travaux de ma maison.
Donc, étant logée à la même enseigne que les autres, pourquoi tout le monde n’aurait pas pu en bénéficier ? Cela n’est pas normal…
La profession a été décrédibiliser des lors que l’Ordre nous a interdit, enfin…vivement et obligatoirement conseillé de rester chez nous, sauf cas dont les conditions de santé sont extrêmes. Sur le terrain, toutes les infirmières travaillaient tranquillement, faisaient les toilettes, les levers et la marche des patients. Bref....elles, oui mais nous…non. Quel est l’utilité réelle de notre profession ?
Ensuite, on nous parle de télétravail alors que j’ai un métier de contact. On nous demande de jouer au coach sportif ???
Je n’ai pas voulu ça…
Je suis très déçue par la tournure de notre profession qui s’est discréditée pendant le confinement. Laisser les patients sans rééducation pendant 2 mois montre que nous ne sommes pas très utiles, en fait !!! D’ailleurs, certains patients l’ont bien compris et ont continuer les exercices chez eux, avec les coachs de you tube.
A. R.
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Bonjour,
Professant en SSR, mon activité ne s’est pas arrêtée lors du confinement. Je n’ai donc pas connu comme nombre de mes confrères l’arrêt brusque et les affres du confinement. Au contraire même, au début de la crise nous avons vu arriver un afflux de patients sortis précipitamment des hôpitaux pour libérer des lits en prévision d’une saturation des services hospitaliers. Tout a donc bien commencé pour moi : du travail, la sensation et la fierté d’être utile dans ces moments difficiles, l’émotion des applaudissements de 20 h et cette liberté de pouvoir se déplacer sur des routes complètement désertées quand tout le monde était cloîtré.
Puis petit à petit, l’ambiance s’est mise à changer : colère de tant galérer pour trouver l’unique masque quotidien (merci aux amis ayant vidé leur garage pour me trouver un masque anti poussière, le pharmacien vous regardant d’un air suspicieux, tant de perte de temps et d’énergie pour ramener le Graal !!). L’épidémie ne cessant de croître, les images télévisées de plus en plus cataclysmiques, la peur a commencé à s’insinuer : et si je devenais contagieuse ? si je ramenais à la maison cette fichue maladie : mon mari de 68 ans ayant refusé de se confiner loin de moi, je me sentais « sale » et dangereuse le soir malgré toutes les précautions prises avant de rentrer à la maison. Et puis le moral des patients, sans visite depuis des semaines commence vraiment à s’éroder : les plus âgés sont de plus en plus prostrés, il faut remonter le moral des troupes dans la journée, puis celui de la famille et des parents au téléphone le soir. Ce qui contribue habituellement à l’équilibre psychologique des soignants tellement nécessaire pour trouver en soi les ressources pour soutenir, réconforter, motiver nos patients, n’existe plus : pour moi c’est le rire de mes petits-enfants, l’apéro du vendredi soir avec des copains, la randonnée du dimanche. Fini tout cela : on repart le lundi encore plus vidé, vidé de ce vide social. Mais on fait bonne figure, on reste pro, souriant sous le masque et la frange devenue trop longue !! Et puis il y a les collègues et ça c’est bon !! Malgré une ambiance qui s’alourdit peu à peu…moins de rire, moins de blagues potaches, des cernes qui se creusent : telle infirmière a du mal à faire travailler ses enfants en rentrant le soir, un collègue a des insomnies, pour un autre c’est une maman tombée seule chez elle, qui va s’en occuper ?
Depuis une semaine, l’épidémie est venue frapper à la porte de notre établissement : ce que chacun redoutait tellement... Paradoxalement alors que le déconfinement s’installe petit à petit, que la vie à l’extérieur reprend ses droits, il va falloir pour nous être encore plus vigilant. Un confrère, plus jeune s’est proposé courageusement pour prendre en charge les patients contaminés.
Du coup mon activité a nettement baissé, je peux souffler un peu, mais préfère ne pas reprendre de vie sociale même avec les gestes barrières : mes parents, mes enfants et petits-enfants, mes amis...tous me manquent d’autant plus qu’ils sont à portée de main maintenant !!!
B. S.
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Bonjour,
Pour une autre sollicitation d'appel à textes (un recueil collectif dont les bénéfices iront à une association) concernant le vécu du confinement, je venais juste de terminer ce texte avant de recevoir votre mail.... Je ne résiste donc pas à vous le faire lire bien que je comprenne qu'il n'est PAS le genre de témoignage que vous demandez, il est même à l'opposé puisqu'il se félicite en quelque sorte de n'avoir PAS participé à l'effort de guerre...
Bonne lecture quand même, cordialement.
Coucou
Un grand ordonnateur impossible à désavouer avait appuyé sur « Pause ». Et puisqu’il y avait ce dépit d’appartenir à une profession de santé inutile en virologie, autant obéir à l’injonction de mon Ordre : STOP ! Le jour où je me suis arrêté l’Occitanie comptait 175 infectés.
Un sentiment de liberté m’a aussitôt envahi. Finie l’écoute des lamentations de la douleur, du handicap et de la mort, enduré confiné douze heures par jour à mon cabinet de Kiné depuis quarante ans.
Ma maison domine un terrain de trois mille mètres carrés. Voilà, je passerai mes journées là, à muer ce terrain abandonné en jardin entretenu. En une sorte de recours à la nature. Enfin déconfiné.
D’abord j’ai tondu. Masqué. Malgré la préconisation de la si bête N’Diaye qui ignorait que je savais l’utiliser. Un chirurgical, complété d’un anti-histaminique au coucher et crise d’allergie avortée. Le temps de tailler quelques oliviers, il a fallu que je tonde à nouveau ; le printemps était chaud et humide, la pousse rapide. J’étais persuadé d’avoir six ou sept oliviers, j’en avais vingt. Des monceaux de branches argentées n’ont pas tardé à s’accumuler et avec elles le résultat d’un nettoyage à l’artillerie lourde – débroussailleuse et tronçonneuse - d’une jungle de ronces qui m’a griffé de la tête aux pieds. Un jour de pluie, je me suis levé à quatre heures du matin pour un écobuage furtif malgré la gazette du quartier qui en rappelle l’interdiction à chacune de ses parutions. Le bruit du bois et des feuilles qui se consument, les arômes empyreumatiques qui s’en dégagent, ces odeurs de torréfaction, de pain grillé, de tabac, de caramel, de poivre, de chocolat, la beauté des flammes dans lesquelles faseyent les pensées, les signaux de fumée indiens qui s’élèvent dans le ciel, la braise qui rougeoie jusqu’au soir, il faudrait renoncer à cela ?
Je m’épanouissais, j’avais du temps, je voyais le résultat de mes efforts. Je ralentissais. Avisant la cabane, j’ai décidé de la restaurer en poulailler. L’idée a emballé mon petit-fils qui m’a demandé si les poules naissaient en plantant un œuf en terre ? J’ai prélevé au pied de biche un nombre incalculable de planches de palettes que j’ai rabotées, poncées, traitées, vissées, clouées, ajustées. J’ai créé des perchoirs, des pondoirs, des nichoirs, j’ai creusé la terre et scellé huit poteaux en gâchant du béton à la main, j’ai isolé le sol de l’humidité et le toit du froid, j’ai étanché, posé un grillage, commandé mangeoire, abreuvoir, aliment pondeuse bio, vers de farine, terre de diatomée, en essuyant les ‘’encouragements’’ de ceux qui m’ont promis des week-ends compromis… sans jamais désemparer.
La nouvelle injonction de l’Ordre est tombée : reprendre le 4 mai. Ils joignent à leur mail un tableau de l’ARS qui indique que le nombre d’infectés en Occitanie est passé à 6577. Comprenne qui pourra. Je reprendrai le 11 mai sans engouement. Je dois refuser les plus de soixante et dix ans, refuser ceux qui n’ont pas de masques, refuser ceux qui ont un facteur de comorbidité, c'est-à-dire à peu près toute la patientèle ordinaire (les obèses –en médecine, 5kg de plus que la normale- les diabétiques, les hyper tendus, les insuffisants cardiaque ou respiratoire) refuser les accompagnants, enlever les chaises et les magazines de la salle d’attente, aérer pendant vingt minutes après chaque patient ayant transpiré, renouveler inlassablement la désinfection de ce qui a été utilisé, m’habiller de tous les équipements introuvables : masque, charlotte, sur-chaussures, surblouse, visière.
J’ai commandé mes poules : une Sussex, une Rousse, une Marans et une Coucou.
Mon petit-fils et moi, nous les attendons avec impatience. Je languis de lui tailler des mouillettes de pain beurré qu’il trempera dans le gros œuf couleur chocolat de la Marans.
Aujourd’hui, c’est ce qui m’apparait important.
M. C.
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Bonjour,
Juste un court message pour vous dire qu’il y a eu des kinés qui ont participé en 1ère ligne contre ce virus et sans être dans la réserve sanitaire, à savoir tous ces kinés salariés en milieu hospitalier dans les services de réa, en soins intensifs, en unités covid-19 qui sont malheureusement en minorité dans ces différents milieux et que les instances représentatives de la profession ont tendance à oublier souvent.
Je suis moi-même un de ces « oubliés » mais je peux vous dire que depuis le début de la crise je n’ai cessé de pratiquer des soins dans les différents services de médecine ainsi que dans l’unité covid-19 mise en place dans l’établissement où j’exerce.
Confraternellement
C. C.
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Bonjour, je viens de reprendre mon activité de masseur kinésithérapeute en EHPAD à mi temps ce lundi, j’avais arrêté d’intervenir depuis le 23 mars, décision imposée par la direction générale du groupe.
Le protocole imposé par la direction et le médecin coordinateur pour la reprise me paraît farfelu mais je l’applique.
Le point où je suis moins d’accord est le fait qu’ils veulent que j’intervienne exclusivement au sein de l’EHPAD.
Je ne dois plus m’occuper de patients à mon cabinet d’ostéopathie l’après-midi et cela en plus sans me donner de date éventuelle de reprise..... Est-ce légal de leur part ?
Cela dans un but de ne pas être « contaminé » au cabinet alors que je peux l’être n’importe où ailleurs !
J’ai voulu faire l’étude que vous avez envoyé mais elle est caduque car les patients n’ont pas perdu de leur capacité motrice acquise jusqu’alors car les aides-soignants les ont mobilisés.
Dans l’attente de vous lire.
Cordialement
J. D.
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Bonjour,
Je me permet de vous envoyer ce mail, pour vous communiquer mon ras le bol de notre système global, mais aussi de notre système de gouvernance des kinésithérapeutes.
Je suis Cédric kiné depuis plus de 15 ans, jamais syndiqué, mais j'envoie ce mail au FFMKR qui fut le premier à envoyer des informations (à tout le monde) pour la réouverture des cabinets, 10 jours plus tard.... donc trop tard comme souvent je reçois les mêmes recommandations par l'ordre des kiné (soit un copié collé), attention je n'ai pas de part au ffmkr, mais je me rends juste compte que je donne de façon obligatoire 280€, à une institution qui ne me sert que très peu et qui n'existait pas quand j'ai commencé mon activité.
Pour cette raison je vous fais part de ma colère pour tout ce système qui montre ses limites, car quand on les sollicite, ils nous servent souvent pas à grand-chose, à part nous mettre des bâtons dans les roues.
Je ne suis pas un adepte des syndicats, mais plutôt un kinésithérapeute qui préfèrerait dépenser son argent pour des organismes utiles.
Bien évidemment la période n'est pas facile, mais justement elle montre les gros problèmes de notre société et de notre profession.
Un kiné en colère en faveur d'un système qui le représentera mieux que l'ordre des MASSEUR-KINESITHERAPEUTES.
C. L.
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Kinésithérapeute en zone rurale , mon activité se fait à 60% en soins à domicile. Je me suis arrêtée d'office les 3 premières semaines du confinement, le temps de vérifier que ni moi ni mes patients n'avaient contracté le covid-19, et de m'approvisionner en matériel de protection.
Mes trois premières demandes de masques en pharmacie ont été refusées. J'ai gracieusement pu être approvisionnée de 20 masques par mes collègues infirmières du secteur, et enfin, en tapant du poing sur le comptoir, obtenir 50 masques de la pharmacie. J'ai donc repris mon activité en soins à domicile (une vingtaine d'heures par semaine) Le 11 mai je rouvrirai partiellement mon cabinet, avec une grande amertume face à la difficulté que j'ai eu à trouver du gel hydroalcoolique et mettre en place des mesures de protection pour les 10 patients qui viendront au cabinet (seulement 10 sur les 20 qui attendent des soins rentrent dans le cadre prescrit par le CDOMK).
Mercredi 3 mai j'apprends que ce même CDOMK nous " offre " des visières et masques à venir chercher le 8 mai à Saint Etienne... Je suis à plus d'une heure de leur bureau... Je leur fais donc savoir mon mécontentement, et leur signale qu'avec nos 280 euros de cotisation annuelle, un envoi postal dans nos cabinets aurait été la moindre des choses....vous verrez leur réponse dans la capture d'écran en pièce jointe....
Je ne serais pas étonnée que dans quelques mois on nous annonce le déremboursement des soins liés au TMS (étant donné que nous n'avons pas le droit de les reprendre pour l'instant) et l'augmentation de nos cotisations URSSAF pour payer les pertes financières des autres professions.....
Ce que je retiens de cette crise, c'est qu'il devient urgent de me reconvertir, de me déconventionner et de soutenir les syndicats de kiné qui ont été les seuls à nous défendre et nous informer. Une pétition pour la destitution de l'ordre serait également bienvenue.
Je ne comprends toujours pas comment notre métier a pu être autant dénigré et mis sur le banc de touche. Je n'ai toujours travaillé qu'avec un seul patient par demi-heure, dans un cabinet où je suis seule, je n'avais donc aucun problème à gérer la distanciation sociale et la désinfection des lieux entre les patients (puisque je le faisais déjà depuis début février) et suis très en colère d'avoir dû fermer mon cabinet sur l'ordre du CDOMK qui semble n'avoir aucune considération pour ses adhérents obligatoires.
Merci à vous, syndicats. Bon courage à tous pour la reprise et les futures heures sombres qui attendent notre profession.
Une Petite kiné à bien moins que 60000 euros de chiffre d'affaire annuel !
E. K.
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La gestion des masques a été catastrophique : en 2003, lors de la grippe aviaire, nous avions reçu un kit par la poste avec des masques FFP2 conditionnés sous vide, lunettes et affiches... 17 ans plus tard... 6 masques en pharmacie par semaine au plus fort de la crise... honteux. Il aura fallu attendre 2 mois pour avoir 18 masques par semaine car ayant été en cluster dès le 2 mars. Concernant les aides, l’état permet aux entreprises d’assurer le maintien des salaires pour les salariés à 80% au minimum et les charges pour les indépendants (aide du fonds de solidarité ou IJ ou aide exceptionnelle de la CNAM). Une aide complémentaire de la Carpimko de 1000 euros minimum aurait été espérée. La caisse de retraite des dentistes va TOUS les aider financièrement avec une somme de 4500 euros versée en 3 fois...la Carpimko fait, elle, des reports sans pénalités (service minimum).
Bon courage à tous car nous allons devoir vivre avec pendant quelques temps encore et organiser au mieux la protection de nos cabinets.
M. I.
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Cette periode de confinement fut pour moi kiné une période de soutien psychologique En faisant les kinés respiratoires des personnes âgées, je les photographiais et envoyais à leurs enfants leurs photos Je faisais les courses, leur apportais des desserts...
Je téléphonais aussi à ceux que je ne pouvais pas aller voir. Très vite j’ai repris les soins chez les personnes neurologiques ..à domicile. Beaucoup de domiciles...
Je passais mes journées à soutenir les gens par la fenêtre ...
J’ai hébergé une élève infirmière pendant 6 semaines pour servir de renfort en EHPAD.
Mobilisé des couturières pour la confection des masques Récupéré du tissu pour confection de blouses et masques Bref mobilisation sur tous les fronts…
H. B-C.
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Depuis des années le système favorise les dérives dans notre profession. Fermant les yeux sur les professionnels qui confondent cabinet et salle de sport prenant 4, 6 voir plus de patients en même temps. Avec la télétransmission il est pourtant facile de vérifier le nombre de patients pris par jour. On ferme aussi les yeux sur tous les kinésithérapeutes qui font systématiquement des dépassements d'honoraires à tel point que nous déclarons ces DE interdits à l'Urssaf. Mais si ces dérives existent c’est que nous n’avons jamais été correctement revalorisés depuis plus de 20 ans et que pour combler cette perte il faut ou augmenter le nombre de patients pris par jour et ne plus travailler correctement ou instaurer des dépassements systématiques et créer une kinésithérapie à deux vitesses. Revaloriser l'acte c'est permettre à chacun d’entre nous d’être mieux rémunérés et pouvoir travailler correctement. Tout en veillant en contre partie à l’arrêt de ces cabinets "usine " ou à cette kinésithérapie pour patients aisés. Une meilleure rémunération en échange d’un contrôle des pratiques permettrait à chacun d’être gagnant. Moins de dépenses pour la sécurité sociale, patients mieux pris en charge et kinésithérapeutes mieux rémunérés.
N’oublions pas qu’une rééducation du rachis est rémunérée moins de 17€ pour une demi-heure que nous allons voir des patients à domicile pour 4€ supplémentaire. Il faut bien que le kinésithérapeute trouve des solutions pour pouvoir s'en sortir et souvent ces solutions sont au détriment du patient. Il est aussi plus difficile de vivre avec 17€ / patient dans les grandes villes qu’en province les charges sont différentes.
J’aime énormément mon travail mais je vous assure que parfois le choix est cornélien entre travailler correctement et gagner assez en fin de mois.
Cordialement
C. I.
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Bonjour, voici un témoignage d'un/une kiné en réflexion sur cette crise covid 19 :
"Je n'ai rien fait d'exceptionnel pendant cette crise covid 19. C'est un fait.
Pardon, au regard de ce qu'ont fait mes collègues en première ligne, j'ai, moi, vécu le confinement.
J'ai pris le soin de mes proches.
Je portais beaucoup d'admiration vers les soignants déjà, des amis de tous métiers à l’hôpital, au SMUR, en libéral...qui donnaient beaucoup d'eux-mêmes, au sacrifice de leur vie privée, leur santé, souvent... Je n'ai fait que les soutenir par des mots et pensées.
Les premiers temps, ce fut un peu la surprise, ce virus de Chine nous faisait bien rigoler en tout début d'année, car nous étions beaucoup à penser, à tort, que notre monde sécurisé ne peut être atteint par rien, ou presque. Dès le lundi 16 mars, nous fermions le cabinet. Nous avons parfois été interloqué par des avis contradictoires...Quel type de soins "urgents" continuer ou pas ? Avec quelle responsabilité ? Nous avons fait avec les moyens du bord et en conscience avec nous-mêmes. Prendre des nouvelles des patients par téléphone, prodiguer des conseils de rééducation, s'improviser auteur de vidéos pour bien montrer les exercices qui limiteraient les "séquelles" dans des phases post op.
Bénévolement.
Retourner voir les plus fragiles après le pic de contamination, pour ne pas les laisser tomber.
Sans revenir sur cette absence de masques et protections. Un constat : l'impression d'être très fragile en libéral s'est renforcée. Nous sommes seuls à gérer, avec des "recommandations".
Certains jours, l'inquiétude financière revenait...Comment continuer dans ces conditions plusieurs mois, pour au moins vivre au minimum ? Et puis, je repensais aux soignants dans les services de réa, en EHPAD aux malades...Et cela redevenait secondaire. Sauf qu'il faudra bien passer l'année avec ces difficultés financières. Je sais pourquoi j'ai choisi ce métier quand j'avais 20 ans : être utile, aider un autre à se ré éduquer, vivre des choses fortes avec des leçons de vie données par des patients en centre de rééducation, et car ces métiers étaient encore un peu valorisés et valorisants... Et puis, sournoisement, le manque de reconnaissance s'est invité. Des journées à rallonge en libéral (10 heures en moyenne sans pause ou presque), s'adapter toujours en lorgnant sur sa pause déjeuner pour rendre service, la charge mentale de voir ces difficultés sociales, pas de travail d'équipe pour débriefer, comptabilité, encaissements à gérer, entendre des avis négatifs sur ma profession contre les cabinets usine etc etc. Entendre que je suis sensée être une nantie avec un tel métier en libéral...
Continuer malgré tout, par conviction, à se former tous les ans, à garder un seul patient à la fois en 30 min environ…Et puis le ras le bol...Des actes sous-payés une fois les charges déduites, du mépris en quelque sorte pour ce que je fais en m'impliquant.
L'argent qui devient un des sujets de conversation prépondérant dans notre monde....le constat amer que les professions les plus utiles (aide soignants, aide à domicile, infirmières, professeurs des écoles...) sont laissées de côté par le système libéral dans lequel nous sommes immergés. Que seule une logique comptable compte désormais, même dans le soin. Par ce système pervers de rémunération à l'acte.Constater que la santé devient un business avec ces mastodontes privés que sont doctolib etc et bientôt les plateformes de téléconsultation. La téléconsultation, une réponse à tous les problèmes ? Aberration.
Alors 15/20 ans après, on s'implique moins et on perd ses illusions, on fait le job, pas trop mal encore je pense mais on lève le pied complètement.
Je n'ai pas voulu y perdre la santé. Arrêter le "travailler plus pour gagner plus". Les emprunts conséquents etc etc, l'immobilier tendu ayant changé beaucoup de choses pour ma génération.Je vis raisonnablement, travaille dans un secteur où l'offre de soins est bonne, je peux refuser des patients sans conséquence, je pars en vacances sans culpabiliser. Je ne fais plus de soins trop lourds à porter, seule.On pourra me critiquer, c'est un choix de vie assumé, après ces désillusions et y avoir cru en m'impliquant.Tout n'est pas dû, il faut que l'on respecte notre profession et ceux qui la représentent.De manière plus globale, que l'on écoute et respecte ceux qui, un jour, ont fait le choix de s'engager pour les autres, pour leur santé, leur enseignement ou encore leur sécurité. Les bases qui permettent de vivre ensemble, avec le plus d'égalité possible.Si tant est que le mot engagement ait encore du sens.C'est le moment pour la profession de tout remettre à plat, pour retrouver du respect au sein du monde de la santé si elle ne veut pas disparaître, au milieu d'une offre pléthore (coachs en tout genre, ostéopathes, aide-kinés, informations en santé partout, etc etc)
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Personnellement, je ne concevais pas d'arrêter de voir mes patients pour une question de déontologie.
De plus, l'indemnisation de 1500€ étant pour moi ni plus ni moins qu'une blague, financièrement parlant, cela m'a poussé aussi à poursuivre mon activité, même de façon réduite. J'ai pu m'adapter pour prendre en charge mes patients 1 par 1 en alternant les salles de prise en charge afin de pouvoir désinfecter les locaux, d'éviter les croisements de patients et les passages en salle d'attente. J'ai eu un excellent retour de mes patients par rapport à cette continuité des soins.
Ce qui m'a le plus marqué au cours de cette période, c'est la phobie qui s'est emparé de la population. J'ai passé beaucoup de temps à rassurer, dédramatiser la situation face à des personnes qui se mettaient en isolement complet et largement excessif. J'ai pris le temps de leur expliquer comment prendre des précautions, sans sombrer dans la dramaturgie et surtout leur faire comprendre qu'ils pouvaient continuer à vivre, sans risquer la mort à chaque coin de rue.
J'avoue ne pas avoir compris pourquoi l'Ordre nous a demandé de fermer nos cabinets. Comment expliquer à un patient qui sort d'une opération ou qui s'est fracturé une jambe que son cas n'est pas urgent ? Que quelqu'un qui a le dos coincé n'est pas assez malade pour se faire soigner ?
J'exerce dans une ville particulièrement touchée par le Covid19, mais avec du bon sens beaucoup de solutions sont possibles.
F. F.
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Bonjour ,
Kinésitherapeute depuis 1985, j ai diversifié mon activité de kinésithérapie depuis 1998. J’ai axé ma pratique en donnant des cours de gym douce Ehrenfried pour que mes patient(e)s soient acteurs de leur mieux être , apprennent à connaître leurs corps et se soulager par la respiration ou par des mouvements réalisés très en douceur et en conscience. Leur verticalité donc leur posture change...
Dès la deuxième semaine de confinement, j’ai pu aider mes élèves en donnant des cours par skype pour continuer à les accompagner dans ce changement de vie qui était le confinement: plus de temps en position assise :écrans, sédentarité.., crise d’angoisse....La détente des yeux, le travail circulatoire, la proprioception prenaient plus de place dans les séances.
Dès que notre conseil de l’Ordre nous a permis de réaliser des soins à leur domicile j’ai pu me rendre masquée.
Heureusement nous avons eu droit au fond de solidarité 1500 euros.
Mais pour la CPAM comme je ne réalise pas ou très peu d’actes conventionnés, je n’ai pas droit à leur aide. Pourtant mes élèves peuvent témoigner de cette prévention peu ou pas d’arrêt de travail...
C’est tout de même incroyable qu’à notre époque ce genre de prévention ne soit pas reconnu. Indignation.
I. L.
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Bonjour,
Premièrement je tenais à remercier la FFMKR pour le travail fourni et le soutien apporté à notre profession en ces temps de crise. J’ai le sentiment qu’enfin quelqu’un a compris dans quelle situation fut placée notre profession durant cette période compliquée.
Cette étape a été l’occasion pour moi de me remettre en question, les évènements ainsi que les décisions prises ou non par notre gouvernement ou notre ordre m’ont brutalement mis devant la réalité de notre métier.
Pourquoi suis-je masseur-Kinésithérapeute ? Pourquoi avoir choisis d’exercer cette profession ?
Sincèrement, c’est l’altruisme qui m’a poussé à exercer ce métier l’envie de me rendre utile, de soigner, d’accompagner mes patients, je souhaitais faire quelque chose de mes mains.
Concilier sport, soin et santé, ma voie était toute tracée vers ce métier.
Après la fermeture de notre cabinet, je suis resté sur place à Strasbourg, sans savoir si l’on nous autoriserait à quitter la ville afin de rejoindre nos familles si le confinement devait durer, la mienne vivant à plus de 30km.
Je suis resté proche de mon lieu de travail et de mes patients car je jugeais nécessaire la poursuite des soins chez 3 d’entre eux à domicile. Les fameux cas urgents chez lesquels la poursuite des soins était primordiale.
Notamment un soin palliatif, mobilisation quotidienne chez un très vieux monsieur que je ne voulais pas laisser tomber.
Se sont rajouté à cela deux personnes âgées qui revenaient des soins de suite et de réadaptation (SSR), le médecin m’avait vivement demandé de poursuivre les soins à domicile car les services devaient faire de la place pour accueillir les cas de COVID19. Ces deux patients ont donc été renvoyé chez eux, la marche étant difficile, et la perte d’autonomie sévère.
Mes amis interne aux urgences partageaient sur les réseaux sociaux des témoignages effarant de la situation dans les services de réanimation, des choix difficiles à faire. Je me suis rapidement rendu compte que nous n’étions pas prêts à faire face à cette première vague, sans surprise au bout de tant d’années à économiser sur le dos de nos soignants dans le public !
J’ai vu les mêmes images que vous aux informations, des médecins continuer leurs consultations sans masques, des infirmières porter des sacs poubelles en guise de surblouse ! Nous sommes tombés bien bas !
Je voulais rester solidaire avec mes confères consœurs, avec l’ensemble du personnel soignant que j’admire et qui continuait à intervenir malgré la menace omniprésente. Je pensais faire partie de ce système de soin et j’étais prêt à m’investir si nécessaire. Comme la majorité de mes confrères/sœurs je me suis inscrit dans la réserve sanitaire.
Durant la première semaine de confinement mon patient en soins palliatif nous a quitté, il s’est éteint dans son sommeil sans trop souffrir.
Par contre mes deux autres patients de retour d’hospitalisation ont commencé à présenter des symptômes inquiétant semblables au COVID19.
Ma pharmacie de quartier avait pu me fournir quelques masques FFP2 et chirurgicaux issus du stock d’état, presque périmés j’ai dû en user quelques-uns car les élastiques cassaient à la moindre traction. Mais je n’avais que ça et m’estimais heureux d’avoir pu obtenir des masques.
J’ai continué à intervenir à domicile en me protégeant du mieux possible mais leur cas s’est aggravé. Le médecin m’a rappelé en me demandant de faire de la kinésithérapie respiratoire chez un de mes patients qui commençait à avoir du mal à respirer, ce que j’ai bien failli faire si la famille ne m’avait par rappelé le lendemain pour me dire que leur papa avait été hospitalisé d’urgence le soir même.
Verdict suspicion COVID19 … le surlendemain je reçois par SMS un message : « Mon papa s’est éteint hier soir, il a contracté le virus lors de son séjour en SSR, merci pour ce que vous avez fait, prenez soin de vous ! »
Ayant été en contact rapproché avec une personne atteinte je décide de me confiner chez moi et de ne plus sortir en attendant de constater l’apparition d’éventuels symptômes. On me rappellera une dernière fois pour m’annoncer que l’ensemble des personnes ayant côtoyé mon patient sont eux testé positif au COVID19.
Je n’ai toujours aucun symptôme et me demande ce que cela aurait donné si j’avais suivi la demande du docteur en faisant de la kinésithérapie respiratoire.
Au bout de 3 semaines de confinement chez moi, je n’ai eu aucun signe. Je décide de proposer mon aide, je me sens bien et suis disponible pour renforcer les équipes même en tant que bénévole !
Mes amis n’en peuvent plus à l’hôpital, la fatigue s’accumule, je pensais que nous aurions besoin de Kinésithérapeutes dans les services de réanimations …
Avec du recul c’est cette étape du confinement qui m’a le plus brisé, la réserve sanitaire n’a rien donné me concernant.
On m’avait fourni un contact à l’ARS qui ne m’as jamais rappelé, et pourtant j’ai multiplié les coups de téléphone.
J’ai contacté directement les hôpitaux de la région qui m’ont placé sur liste d’attente.
J’ai notamment contacté un hôpital ayant fait un appel aux renforts concernant les kinésithérapeutes, quelques jours plus tard j’ai constaté sur les réseaux sociaux que c’était des étudiants en 3ème année qui avaient été envoyé dans les services de réanimations, dans les secteurs COVID19 !
J’en connaissais certains et leur ai écrit en leur demandant comment cela avait été possible qu’ils soient présents dans ces services vu le contexte …
Ils m’ont avoué que la direction de l’hôpital était plus intéressée par ce genre de profils, des stagiaires que l’on pouvait payer au minimum envoyé au casse-pipe !
Comment peut-on imaginer former un étudiant dans une situation pareille ? J’en suis dégouté !
J’ai la certitude que la plupart de mes confrères/sœurs auraient effectués bénévolement ce travail pour soutenir les collègues dans le secteur public.
A partir de ce moment je me suis sentis inutile, les télésoins ont trop tardés à venir, le cabinet restait fermé, mes patients à domiciles « urgent » nous avaient quitté emporté par le virus. Pendant ce temps le personnel soignant en première ligne s’épuisait et bricolait avec le matériel disponible dans l’espoir de faire face au virus.
Je n’ai plus le courage d’applaudir à 20h, j’ai un profond respect pour l’ensemble du personnel soignant qui sont les véritables héros mais aussi les victimes de ce désastre. Je n’ai aucunement l’envie d’applaudir notre système de santé actuel, les économies faites sur notre dos se payent finalement très cher aujourd’hui.
Récemment Patrick Pelloux praticien en médecine d’urgence a alerté encore une fois l’opinion publique sur l’état de notre système de soin. Serons-nous en mesure de faire face à une deuxième vague ?
L’ensemble du personnel hospitalier allant de l’agent d’entretien au cadre de service ayant été en première ligne sera-t-il capable de faire face avec la fatigue accumulée depuis le mois de mars ? On leur demande déjà de travailler plus longtemps, dans les mêmes conditions, sans congés, sans embaucher du personnel. Le journaliste questionne Mr Pelloux : Après tout si nos hôpitaux ont absorbé une première vague ils seront capables d’absorber la suivante ? Les soignants seront-ils au rendez-vous ?
Vous savez les soignants seront présent quoi qu’il arrive et cela jusqu’au bout. Car c’est inscrit dans nos gênes. Travailler dans la santé c’est aller au-delà des notions purement économiques. Les convictions fortes qui nous poussent nous les soignants à poursuivre le métier malgré les moyens dérisoires, malgré le manque de reconnaissance sont plus fortes.
Nous serons encore présents face à une éventuelle deuxième vague. Mais ne nous prenez pas pour autant pour des imbéciles !
J’attends plus de reconnaissance, plus de moyens pour l’ensemble des personnes dans le secteur Médical, Paramédical et toutes les professions associées.
A. M.
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Bonjour,
Je ne souhaite pas particulièrement témoigner, j’ai un petit cabinet, je suis seul à y travailler, et je travaille très peu, volontairement, mais je tenais tout simplement à vous remercier, remercier la ffmkr parce que vous avez été super présents pendant cette crise, vous avez vraiment accompagné les MK, des conseils, vous nous avez très bien informés des aides auxquelles nous pouvons avoir droit.
On ne peut pas en dire autant du CNOMK !!!!! Ni de la CPAM ou des URSSAF qui au final nous ont laissé nous “démerder” ...
Donc merci pour votre aide et votre accompagnement, je saurai m’en rappeler.
Bien cordialement
M. P.
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Lundi 16/3 ce lundi noir...
Jusqu’à ce jour les kinésithérapeutes travaillaient sans être protégés...
Et pour un des métiers les plus contaminants dans les deux sens c’est un comble...
Puis quasiment du jour au lendemain et sans décret évidemment on nous recommande de fermer ...
Ce que nous faisons, laissant tomber quasiment tous nos patients :ils sont devenus reportables et non urgent...
Et mardi 17/3 premiers signes du virus :fébrilité et fatigue 5jours et le samedi 39 degrés et plus de 40...
La fameuse aggravation ...
Médecin au domicile
Puis quête du fameux test...appel dans un laboratoire, la prescription n’est assez précise :faire pratiquer un test de dépistage pour covid 19 Cela ne suffit d’après la technicienne de labo...
Exigence de l’ARS...
Le médecin doit préciser pour professionnel de santé...
Donc mardi direction le cabinet du médecin avec un masque bien sûr et labo Test et attente Mercredi toujours très fébrile et appel du docteur du laboratoire pas bon signe c’est lui qui donne le résultat :vous êtes positif...
Et un gros ouf de soulagement, les aides sont a priori plus facile à obtenir.
Évidemment isolement depuis quasiment le début des signes mais toute la famille contaminée également Le samedi la fièvre baisse enfin et la fatigue elle persiste.
Je préfère dire épuisement...
2 arrêts maladies obtenus aux forceps et je demande encore pourquoi...
Puis considéré guéri retour sur le terrain masqué malgré tout un peu paranoïaque...
Les domiciles qui au bout d’un mois sont toujours pas urgents mais plus reportables:
Douloureux chroniques
Neuropathies dégénératives ou pas..
Voilà ce fut long et angoissant mais le retour sur le terrain fait du bien .
On se souvient que notre rôle de soignant est apprécié et nécessaire et non remplaçable contrairement à ce que certains pensent...
Mis de côté ce sentiment est insupportable pour la profession.
Pour conclure bon courage à tous pour la reprise kinésithérapeutes et autres :dentistes orthophonistes etc Et bravo à tous ceux qui ont continué à pouvoir travailler médecins infirmières et pas toujours dans des conditions de protections adaptées...
M. N.
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Célibataire, sans enfant, jeune et pleine d'énergie, après la fermeture des cabinets de kinésithérapie, j'ai été obligée de rester chez moi plusieurs semaines, impuissante.
N'ayant pas de patients dont les soins étaient urgents et non reportables j'ai fermé le cabinet.
J'applaudissais chaque soir les soignants (dont je ne faisais visiblement pas partie...).
Mon conjoint, qui lui n'avait jamais eu de cours d'hygiène dans ses études de transport, allait pourtant travailler tous les matins.
Et moi masseur-kinésithérapeute, ayant reçu une formation d'hygiène j'étais bloquée chez moi, sans pouvoir soigner les gens. Impuissante.
J'ai aussi postulé au CHU, à la réserve sanitaire...en vain. À croire que les kinésithérapeutes ne font pas partie de cette guerre.
J'ai donc lavé et plié mes blouses comme un soldat qui range son uniforme.
Aujourd'hui, je ressors cet uniforme pour reprendre mes patients qui ont besoin de moi.
Dans cette guerre, je me suis donné une mission : l'éducation thérapeutique.
Je ne vais pas changer les gens, les empêcher de sortir, de retrouver leurs proches mais si je leur apprends à manipuler le masque correctement, bien se laver les mains, et leur explique l'intérêt de respecter les mesures barrières alors je leur aurais donné quelques armes pour se défendre aussi dans cette guerre que nous gagnerons, j'en suis sûre.
A-L. T.
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Extrait du « bourgeois méchant’homme » Ou « le misanthrope confiné »
La guerre est déclarée et on sonne la retraite ?
Et personne dans l’armée ne trouve qu’on la maltraite ?
On l’enferme aux casernes et la prive de combat
Sans armes ni armures, on la prive de débat ?
Courageuse stratégie de génie militaire
Paralysons la vie et arrêtons la Terre
Vivre confinés ce n’est pas une défaite
Et c’est se protéger d’une énorme tempête
Car les plus grands savants la prédisent effroyable
Et ils créent chez les gens une panique incroyable
Créant les conditions de gouverner le monde
Par une seule injonction : la menace ou la fronde
Et l’unanimité chez ces gens de pouvoir
S’enfle d’une vanité que l’on a peine à voir
Car il faut applaudir tous ces gens de courage
Parler dans les micros tandis qu’ils font barrage…
Jamais aucun d’entre eux n’a jugé préférable
Devant un ennemi aussi insaisissable
D’être moins péremptoire, de rappeler que la science
Avance en se trompant, n’a nul besoin d’alliance
Entre les privations et les cours de morale
Et se passe aussi bien de la foi libérale
Coupable d’avoir condamné le monde politique
A l’impossible aveu…ou bien à la panique
Que tant d’imprévoyances puissent être pardonnables
On le verrait assez sous un jour favorable
Mais que d’avoir créé les mensonges, la terreur
En mur infranchissable ont été une erreur
Et nous condamnent encore à des années d’efforts
Pour réparer la faute des plus grands, des plus forts…
Quant aux plus démunis, qu’il fallait protéger
A leur misère plus grande il viendra s’agréger
Le soupçon et l’angoisse, et la défiance de l’autre
Que vous avez prêché, comme de bons apôtres
Ne voyant pas plus loin que cette absurdité
Pour soumettre le monde à moins d’humanité
P. M.
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Mon choix personnel de travailler en salariat en SESSAD et en libéral demande une adaptabilité importante et un sacrifice financier non négligeable (petit salaire sur la partie salariale et charges non compressibles en libéral). La période du confinement multiplie ces inconvénients mais notre rôle auprès des personnes les plus fragiles, handicapées et/ ou âgées à domicile a été maintenue pour ma part et cette nécessité de continuation des soins kinésithérapiques a été mis en évidence.
La tâche n'est pas facile, surtout quand on a une famille mais je pense qu'il est important que, nous, kinésithérapeutes, nous montrions qu'il est possible d'aller vers l'autre, bien évidemment avec toutes les précautions sanitaires nécessaires. Bon courage à tous.
M. D.
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Bonjour à tous chers collègues.
Depuis 5 semaines je me bas contre le Covid 19, contracté au cabinet avec des patients dont j’ai appris trop tard qu’ils étaient porteurs du Coronavirus. Un de mes collègues a déclaré des symptômes le même jour et n’est toujours pas guéri.
Je voulais témoigner du manque de considération que j’ai reçu de certains organismes médicaux.
J’ai demandé à être testé quand les premiers signes (maux de tête, fièvre, fatigue intense) sont apparus. La réponse du centre Covid a été la suivante : vous ne toussez pas alors vous pouvez travailler avec un masque. Ce que je n’ai pas fait pour ne pas mettre en danger une population de patients fragiles.
Deux semaines après j’étais en Neurologie. Deux à quatre fois par jour pendant 2 à 5 minutes je n’ai plus aucune motricité mais je suis totalement consciente. Devant l’incompréhension de mes symptômes, les neurologues m’ont traité comme une hypocondriaque en me signifiant que mes douleurs thoraciques et mon essoufflement étaient dus à l’angoisse et que si j’arrêtais d'y penser ils disparaitraient d'eux même. En me précisant que de nombreux professionnels de santé étaient dans mon cas.
Nous ne connaissons pas ce nouveau virus, demandons aux médecins de rester ouverts, curieux et de cultiver le doute face à une épidémie que l’on découvre tous les jours. C’est en tout cas les valeurs que je défends au quotidien dans ma pratique.
Actuellement après 5 semaines de maladie je ne peux pas conduire à cause des malaises à répétition, et je n’envisage même pas la reprise du travail.
J’ai demandé à être testé et on me l’a refusé, J’ai demandé à être soigné et on m’a pris pour une folle, J’ai attrapé le Covid parce des études montraient soit disant l’inefficacité des masques chirurgicaux. J’ai sûrement une maladie neurologique auto-immune déclenchée par le Covid alors que je ne présentais ni facteur de risque que je suis jeune et en pleine santé.
Lundi, jour du déconfinement, je vais traverser la France pour une nouvelle hospitalisation en Neurologie dans un centre spécialisé dans mes troubles. En espérant reprendre rapidement le travail. Je vous souhaite une bonne santé et portez vos masques.
A. C.
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Au sein de notre cpts, nous avons mis en place 5 centres COVID sur le territoire.
Notre cabinet est devenu le centre de stockage (des milliers de masques, combinaisons, gel hydro-alcoolique, solutions désinfectantes, gants…) Et mon rôle était redistribuer aux 5 centres puis j'ai équipé les 65 infirmières, les médecins et les kinés qui continuaient les domiciles. Cette semaine j'ai également équipé les podologues, psychologues, orthophonistes, dentistes, ostéopathes... pour leur reprise au 11 mai.
Je viens également de faire une commande groupée de matériel pour les 250 professionnels de santé de la CPTS et il va falloir redistribuer !!!!
Mon mari, mon fils et une dizaine de collègues recevaient également les patients COVID dans les centres certains étaient également dans l'organisation.
Nous n’avons pas chômé mais ça a été une très belle aventure qui n'est pas finie.
Notre CPTS a fait un travail énorme et l'ARS nous a suivi et soutenu dans cette démarche.
Pour mes kinés (je suis référente au sein de laCPTS) ils ont reçu des kits avec ffp2 et surblouses, du gel, charlottes, surchaussures, protection pour leur voiture, une visière.
Voici notre aventure
Quand tout sera fini, j'aurai besoin de vacances
C. N.
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Je n’ai pas été en premières lignes, car dans cette société où l’excellence ne passe que par un système vertical, où les premiers ne seront jamais les derniers, où même dans un chaos comme nous venons de vivre il est urgent de procéder par catégories et de mettre chaque personne de sa petite case, les kinésithérapeutes étaient parfaitement inutiles pour l’Etat.
Pendant cette crise, je me suis occupée de mon fils de 2 ans, tout en me mettant dans la réserve sanitaire, n’ayant pas abouti d’ailleurs.
Vers la fin du confinement, j’ai été contactée mais comme notre profession n’a jamais été reconnue pendant la gestion, dans l’intitulé : «profession », les kinésithérapeutes devenaient « autre », une catégorie opaque, un sac fourre-tout, où on devenait « autre », mais sans autres précisions donc rien, du vide.
Juste un peu de chair fraîche pour aller combler les brèches par ci par là, j’ai de ce fait décliné la proposition pour rester auprès de mon fils, où mon statut de mère était bien plus reconnu.
Nos patients sont en attente de reprendre leurs soins, ils n’ont pas forcément le COVID, ils ont simplement des douleurs rachidiennes les empêchant de dormir, des migraines, des problèmes d’équilibre à la suite de leur AVC, des problèmes respiratoires à cause de leur BPCO, des fuites urinaires et des douleurs de petit bassin à la suite de leurs accouchements, des fractures, mais tout ceci est complètement dérisoire évidemment.
Le COVID a balayé toutes les autres pathologies existantes.
De nouveau on met les patients dans des cases : qui est important, qui ne l’est pas.
Dans cette histoire, je me suis sentie totalement inutile alors que j’avais à cœur d’aider.
Le déconfinement a eu lieu, mon fils ne fait pas parti des prioritaires d’admission dans sa propre crèche, sa mère est professionnelle de santé mais la case à cocher n’est ni infirmière ni médecin, elle est autre.
Donc rien.
Je ne peux pas reprendre le travail décemment, je dois batailler pour faire valoir ma profession auprès de ma crèche et préciser que les patients non COVID souffrent aussi, je dois justifier mon activité d’utilité publique pour que mon fils soit gardé et que je puisse ré ouvrir mon planning.
J’attends toujours la réponse de ma chère directrice de crèche.
M-A. C.
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