retour
Projet de loi de santé : Position de la FFMKR sur les différents amendements proposant la création de la profession d'aides-kinés
21 mars 2019

Lors de la première séance publique à l'Assemblée nationale, ces amendements ont heureusement été rejetés mais envisager ou militer pour la création d’une sous-profession est une erreur stratégique que la profession ne doit pas accepter dans le contexte de rétrogradation de notre formation qui exclura les MK de la filière universitaire santé MMOP (Médecine Maïeutique Odontologie Pharmacie) nous repoussant encore plus loin des filières de recherche et du master pour nous ramener de 5 ans à 4 ans d’études.

Notre position n’en serait qu’une fois de plus affaiblie par une nouvelle profession qui, dans les débuts, acceptera sans broncher notre tutelle mais, demandera, au fil du temps, plus d’indépendance et d’autonomie. Que faisons-nous vis-à-vis des médecins. Cependant, nous n’avons pas leur poids pour nous préserver et, contrairement à eux, nous n’avons pas le monopole de la prescription. Les patients n’ont que faire d’ingénieurs qui concevraient du soin et le ferait exécuter par des petites mains. Croyez-vous que notre capital sympathie en sortira grandi ?

Comment dans le monde libéral payerons nous cette main d’œuvre : nos revenus stagnent voire régressent, les cotisations retraite appelées à doubler dans les années à venir auront plombé suffisamment notre rentabilité économique déjà dérisoire. Comment peut-on envisager de créer un pool de professionnels pour les centres de cure thermale en lieu et place d’insister sur la nécessaire revalorisation des revenus des MK salariés ?

Cette fausse bonne idée est née dans l’esprit de confrères qui sont convaincus que cela pourrait freiner l’accès partiel à la profession, lequel concerne quelques demandes dérisoires. Mais, sans aucun doute certains IFMK y verraient un nouveau potentiel de développement économique qui ne servira que leurs intérêts et sûrement pas ceux des MK. Pour rappel le monde de la formation initiale n’est pas le monde de la philanthropie mais bien un secteur concurrentiel marchand qui voit d’un très bon œil l’ouverture de ce nouveau marché à fort potentiel.

Alors si on contextualise le problème en regardant l’écosystème de la kinésithérapie, à savoir un recul sur les études, une baisse de notre niveau de rémunération, une augmentation des cotisations retraites, la confrontation avec les enseignants en APA à l’hôpital comme en EHPAD, la perte de notre liberté d’installation (avenant n°5) augmentant la fragilité économique des cabinets en zones sur-dotées, l’absence d’acquisition de nouvelles compétences par l’accès direct, est-il vraiment judicieux de rajouter un danger supplémentaire alors que nous semblons courir après des chimères que certains nous avaient vendues pour des réalités (comme l’universitarisation) ?

On n’oubliera pas de rajouter à la liste le projet de recertification des professionnels tous les 5 ans auquel s’est déjà attelée une instance professionnelle bien connue de tous.

La FFMKR se battra pour stopper cette dérive qui pourrait bien amener notre profession dans le mur.

Le Bureau fédéral.